« J’ai toujours ressenti le besoin irrépressible de tout explorer. Aujourd’hui, après des décennies d’expériences et d’essais multiples, cette diversité prend tout son sens, elle cristallise et me nourrit profondément.En peinture, la matière est mon terrain de jeu. Calcite, pigments naturels, acrylique diluée, fusions inattendues… Chaque geste, chaque superposition me touche, m’émeut, et m’ouvre un monde sensible et vibrant.En sculpture, c’est l’appel du métal, acier Corten, alliages rares, qui me pousse à créer des formes en mouvement. Les idées fusent, se traduisent en croquis, puis prennent corps peu à peu, au fil du travail.Quel bonheur de pouvoir naviguer librement entre ces pratiques, de passer du pinceau à la soudure, porté par cette ivresse de la création qui me pousse toujours plus loin. »

Peintre / Sculpteur

Dès l’enfance, Francis Ringenbach développe une perception singulière du monde. Fasciné par la forme et le volume, il interroge les objets du quotidien, de quoi sont-ils faits ? Comment les améliorer, les transformer, les sublimer ? Une simple bouilloire, le galbe d’une voiture ancienne deviennent pour lui des sources d’émerveillement et d’imaginaire. Bien plus tard, il s’engage dans une démarche artistique intense. Boulimique de création, il explore l’aquarelle, la peinture à l’huile, la sculpture. Il se forme à Carrare, auprès de praticiens du marbre monumental, où la confrontation directe à la matière devient centrale dans son travail. Marbre, bronze, acier Corten, pigments naturels, chaque matériau, par sa texture, son odeur, sa résistance, enrichit sa recherche plastique. Peinture et sculpture s’entrelacent dans une pratique libre, affranchie des tendances, fidèle à une quête intérieure, traduire, par la matière, sa sensibilité et sa vision du monde. Chaque œuvre devient trace, mémoire, vibration.
Son parcours artistique prend son envol en 2001, lorsqu’il ouvre son atelier au public et participe à de nombreuses expositions régionales et nationales. Il répond alors à des commandes de particuliers et d’institutions, allant de copies à l’identique à des créations de statuaire sur mesure. La même année, il cofonde la Galerie des 3 Tours à Belvès (24), un espace associatif partagé avec deux artisans d’art, un ferronnier orfèvre et un bijoutier. Pendant trois ans, il en assure la programmation des artistes, accueillant une quarantaine d’artistes peintres et sculpteurs.

Ses premières peintures, figuratives et réalisées à l’huile, représentent natures mortes et paysages dans un geste spontané, avec des aplats de matière épaisse. Les couleurs se mélangent à la fois sur la palette et directement sur la toile, permettant des reprises dynamiques au pinceau. Il pratique aussi l’aquarelle, sur papier abondamment humidifié, laissant les pigments fuser, se mêler, se transformer au gré de l’eau, des instants suspendus, qu’il qualifie lui-même de « magiques ». Aujourd’hui, son travail s’inspire de la géologie, des strates minérales, du cosmos. Il capte les résonances du temps et de la terre pour les transposer en formes sensibles. À travers ses tableaux, il tisse un lien entre la mémoire de la matière et notre présence éphémère sur Terre, en mixant différentes techniques.
Huile sur toile
Aquarelles
Huile sur toile.

Sculptures figuratives en bronze, bois et terre cuite.

L’une d’elles, représentant un personnage à genoux, exprime une émotion volontairement ambiguë, douleur poignante ou joie bouleversante ? Cette pièce s’inspire d’une image saisissante de Vincent Lindon en pleine performance scénique, dont l’intensité a profondément touché l’artiste. Il a ressenti le besoin de capturer cette émotion, de l’ancrer dans la matière et de l’incarner par la sculpture.

Ces œuvres figuratives s’attachent au détail le plus subtil, là où une infime contraction musculaire peut bouleverser toute une expression. Le mouvement des cheveux prolonge cette émotion en insufflant un souffle de vie, une dynamique vibrante qui traverse la matière.

Sculptures abstraites en Bronze, Marbre blanc de Carrare, pierre calcaire de Dordogne et bois.

Francis Ringenbach explore la sculpture à travers des matériaux nobles et contrastés, dont le bronze, le bois, la pierre calcaire de sa région et surtout le marbre blanc de Carrare, qu’il affectionne tout particulièrement. Il en connaît intimement la matière pour avoir longuement séjourné dans les carrières italiennes et travaillé aux côtés de praticiens sculpteurs.

Matériau exigeant, le marbre ne tolère aucune erreur. Et c’est précisément ce défi qu’il aime relever. Il aime en sonder les limites, jouer avec le seuil de rupture, et confesse même un attachement sensoriel : l’odeur dégagée lorsqu’il le travaille, ou encore la douceur soyeuse de sa surface polie, contre laquelle il lui arrive de frotter discrètement la joue, dans l’intimité de l’atelier.
Le bois de noyer, très présent en Dordogne, trouve aussi une place de choix dans sa pratique. Il privilégie les sections du tronc situées à la naissance des fourches ou des grosses branches, là où les tensions du fil du bois complexifient l’acte sculptural. Il en apprécie les contrastes visuels entre l’aubier clair et le cœur sombre, presque noir.

Quant au bronze, il complète cette palette de matières avec puissance et densité, offrant un terrain de jeu idéal pour ses formes abstraites et sensibles.

« J’ai eu l’opportunité de rejoindre, l'équipe de ZK productions, à Montignac-Lascaux. En 2008 cet atelier a été racheté par la Sémitour Périgord qui en a fait une filiale dont j’ai été le directeur artistique et chef de projets. »

Renommé AFSP Atelier des Fac-Similés du Périgord est aujourd’hui spécialisé, entre autres, dans la réalisation de fac-similés pariétaux et copies d’objets pour musées. Ce fut un choc émotionnel qui bouleverse sa vie, la rencontre avec l’art des fabuleux et ingénieux peintres de la préhistoire qui ont peints et gravés leurs visions sur les parois de la Grotte de Lascaux. A partir de ce moment, il mets graduellement son activité artistique personnelle en veille, pour se mettre sans réserve au service des extraordinaires artistes du néolithique. Un des temps fort et projet d’une vie, est la réalisation monumentale du fac-similé intégral de Lascaux 4. D’ailleurs ce colossal chantier a fait l’objet d’un livre « Les coulisses de la fabrication de Lascaux 4 », écrit par Francis Ringenbach et édité par « Edition Sud Ouest ».

Principaux projets menés à l’AFSP :

• 2008-2009-2010 Restauration complète du fac-similé de Lascaux 2, après 30 années d’ouverture au publique, à raison de 2 mois de travaux par an.

• L’Exposition internationale Lascaux 3 qui à voyagé de par le monde de 2012 à 2021, après sa réalisation, je l’ai accompagné en tant que conservateur des fac-similés. L’exposition a été vue par 2.5 millions de visiteurs.

• En 2021 l’exposition a été modernisée, elle est désormais centrée sur une visite 3D avec des casques spécifiques.

• 2013 à 2017 réalisation du fac-similé de l’intégralité de la Grotte de Lascaux et son installation au CIAP Centre International de l’Art Pariétal à Montignac Lascaux.

• 2022 Mise en place et démarrage, en relation avec le Metropolitan Muséum of Art de New York, de la réalisation de deux grand groupes de sculptures, afin de las replacer dans leur lieu d’origine, le Château de Biron en Dordogne.

2006 Réalisation d'une commande publique pour la Ville de Belves, 24170, avec la réalisation d’une sculpture monumentale taillée dans un cèdre enraciné dans le parc des cèdres. 7 m de haut x 5,10 de circonférence.

La maquette de la future sculpture
La ville de Belves déplore le fait qu’un des majestueux cèdre, du parc des cèdres, a été frappé par la foudre. Le cèdre plusieurs fois centenaire, foudroyé, gît au sol, ne laissant debout qu'un tronc déchiqueté de 8 mètres. La question se pose, faut-il l’abattre, ou tenter de lui insuffler une seconde vie ! Le conseil municipal lance finalement un appel à candidature et retient ma proposition de reproduire une forme végétale pour insuffler une seconde vie, a ce vénérable arbre blessé. L’immense et majestueux cèdre, sera transformé en sculpture.
Un défit à relever ! Plutôt que de couper le tronc et de le déplacer à mon atelier pour le travailler, j'ai décidé de sculpter cet immense vestige directement sur place. Un mois de travail non-stop, à manier la tronçonneuse et toute une panoplie d'outils, pour donner naissance à... un crocus géant.

Mais cette sculpture a un détail insolite, en partie haute de ce tronc mutilé, subsistent deux branches qui s’imposent à moi, comme des "cornes" naturelles, qu’il m’a été impossible à couper. D’une part, je voulais garder le maximum de l’existant, de l’autre, ces excroissances m’obsédaient. Pourquoi ? À ce moment-là, je sculptais et peignais la Grande Vache Noire pour l'exposition itinérante internationale, Lascaux 3. Mon œil était hanté par les silhouettes préhistoriques ! Le résultat ? Un végétal inspiré par les crocus poussant autour de son pied, un géant... à cornes ! Aujourd’hui, cette œuvre unique est toujours enracinée dans le sol du parc, comme dans l'histoire, où la nature et la préhistoire se rencontrent de manière improbable.

La sculpture toujours enracinée
 

Depuis 2023, Francis Ringenbach a relancé son activité artistique, explorant de nouveaux horizons avec la série Point de Vue, la série Minérale, ainsi qu'un travail sculptural engagé autour de l'acier Corten.

l'atelier peinture
La série Point de Vue

Après des années immergé dans le chef-d’œuvre de l’art pariétal à travers la réalisation du fac-similé de Lascaux 4, Francis Ringenbach initie une série de tableaux comme un contrepoint libérateur. Il y met en lumière des détails qui l’ont particulièrement ému, se détachant de l’exigence de la reproduction fidèle. Il ne s’agit plus de reconstituer, mais de déconstruire, de jouer avec les figures emblématiques de la grotte, en leur offrant une nouvelle lecture.

Point de Vue 19
Point de Vue 23
À la manière d’un photographe, il cadre des fragments, fenêtres carrées, rectangulaires ou organiques, dans lesquelles il applique les matières utilisées pour le fac-similé, calcite, poudre de marbre, de verre, calcaire et pigments naturels, restituant avec précision la palette de ces zones. Les contours du motif original sont simplement évoqués par un trait noir, tandis que le fond, souvent composé de trois couleurs à l’huile, est posé au couteau. La magie naît lorsque la lumière entre en jeu, révélant la texture minérale et donnant à voir la surface comme un paysage irradié par le soleil, en perpétuelle transformation.

« Point de Vue… pourquoi ce titre ? Parce que face à l’art pariétal, les certitudes sont rares. Il existe une infinité d’interprétations, scientifiques ou artistiques. Voici donc mon point de vue, parmi tant d’autres. »


Séries minérales

A l’instar du tableau Chronologie, les toiles de cette série se transforment en un terrain de jeu vibrant d'expériences et de découverte du temps qui s'écoule. Ce sont des fenêtres ouvertes sur un espace où chaque couleur, chaque grain, nous invite à la réflexion. Sa pratique ancienne de l’aquarelle, de la peinture acrylique et à l’huile, pousse Francis Ringenbach à des expérimentations en mixant les techniques en forte dilution pour obtenir des fusions dont la maitrise nécessite beaucoup de pratique. La lumière est absolument essentielle pour sublimer cet épiderme minéral et révéler une multitude de détails qui ne sont pas perceptible au premier regard.


  « Ces instants de créations et d'expérimentation dans l'intimité de mon atelier, sont des moments que je chéris tout particulièrement. J'alterne mes application de matière et de couleur sur les toiles, par des séances d’exposition à la lumière. C'est un spectacle en soi de voir comment celle-ci accroche et interagit avec la matière et la couleur. Elle révèle le détail des fusions, que j’alimente par petites touches que je prélève souvent directement sur le tableau en cours. C'est un processus délicat et progressif qui me nourrit d’émotions et de bonheur. Et à chaque fois, c'est une petite victoire jubilatoire de voir le tableau prendre vie sous mes yeux. »

Tableau minéral en cours de réalisation.

L’acier Corten est son nouveau terrain de jeu

« J’ai toujours été profondément touché par les sculptures titanesques de Richard Serra, comme de celles d’Eduardo Chillida qui s’expriment en sculptant de l’acier Corten. De la même façon j’ai toujours été séduit par l’emploi de ce matériaux à la patine si particulière, dans le domaine de l’architecture. »

Pour lui, l’envie de poursuivre ses expérimentations impose de réinventer entièrement la panoplie du sculpteur. Place à la soudure, à la découpe plasma, à la fusion des métaux pour donner naissance à de nouvelles œuvres. Passionné de géologie, Francis Ringenbach conçoit des strates horizontales, verticales et obliques, des fragments de roche qu’il transpose dans l’acier, structurant ses sculptures en jeux de cubes métalliques inspirés de paysages minéraux spectaculaires.
Perfectionniste, il compose avec une exigence absolue, veillant à ce qu’aucun détail technique ne vienne troubler l’harmonie de l’ensemble. Séduit par l’univers artistique de Yuki Yamaguchi, artiste du verre et du borosilicate, il lui propose une collaboration. Tous deux explorent une technique commune, la fusion, celle du verre et de l’acier, chacun selon ses savoir-faire pour créer des œuvres à quatre mains.
Fusion Indigo
Détail
Célébration Aérienne

Parcours professionnel de Directeur Artistique au sein de l’Atelier des Fac-similés du Périgord à Montignac Lascaux AFSP 2008-2023

Francis Ringenbach y a dirigé jusqu’à 34 personnes, pour mener à bien les projets suivants :

• Restauration de Lascaux 2 après plus de 30 années d’exploitation.
• Conception de l’exposition itinérante Lascaux 3,  Exposition Internationale, comprenant la réalisation de 5 parois, la mise en place de la logistique de conditionnement, et l’accompagnement des nombreux montages et démontages à travers le monde. L’exposition a débuté à Cap Sciences Bordeaux, 2012, puis s’est poursuivie à Chicago, Houston, Montréal, Bruxelles, Paris, Genève, Séoul et Tokyo.
• Création d’une version immersive en 3D, intégrant des interactions, afin d’enrichir le parcours de l’exposition Lascaux 3.
• Réalisation du fac-similé intégral de la Grotte de Lascaux, pièce maîtresse de Lascaux 4. Ce projet colossal consistait à reproduire l’ensemble de la grotte à l’échelle 1, avec un niveau de précision encore jamais atteint.
• Développement d’un département de produits dérivés, destiné aux boutiques des sites gérés par la Sémitour Périgord, ainsi qu’à d’autres musées et institutions culturelles.
• Reproduction de deux groupes sculptés majeurs : La Pietà et La Mise au Tombeau, œuvres originellement réalisées en 1505 pour le Château de Biron, aujourd’hui propriété du Metropolitan Museum of Art New York. Ces copies ont retrouvé leur place dans le château d’origine. La Mise au Tombeau a été finalisée après son départ de l’atelier.
• Rédaction du dossier artistique et technique pour la réalisation d’une paroi monumentale en forme de fer à cheval, représentant la Salle des Taureaux, développée sur 25 mètres. Cette pièce viendra enrichir l’exposition Lascaux 3 et sera dévoilée le 14 juin 2025 au musée Cap Sciences à Bordeaux, avant une nouvelle tournée internationale.

« La sculpture de Francis Ringenbach est l'expression de ce qu'il est. Il nous parle de ses émotions, de ses états d'esprit, de son vécu, de son senti, de ses certitudes et de ses doutes. Par les gestes de ses mains, guidées par son coeur, il donne aux matières ces formes, qui sont, pour nous spectateurs, autant de tendres caresses prodiguées à nos âmes »

Yannick Perochon